La communauté juive de France vient de perdre l'une de ses plus belles figures en la personne de Monsieur Jean Kahn, disparu hier au cours de sa 84e année, des suites d'une longue maladie.
Petit neveu du Grand Rabbin de France, Zadoc Kahn, Président de la communauté de Strasbourg dont il était originaire, puis du Consistoire du Bas-Rhin avant de présider le CRIF, le Congrès Juif Européen et le Consistoire Central de France, il aura assuré avec succès les plus grandes responsabilités du Judaïsme français et européen.
Sa vie durant, Jean Kahn n'aura jamais cessé de défendre la grande famille juive, de faire entendre sa voix, de protéger la singularité de son histoire et d'illustrer l'universalité de ses valeurs. Réfugié en Haute-Loire durant la guerre, où il effectue sa Bar Mitsva, il échappe à l'horreur de la Shoah qui deviendra le moteur de son action en faveur des Droits de l'Homme, partout dans le monde.
Témoin obstiné de l'Histoire, infatigable militant des causes justes, cet avocat avant d'être chef d'entreprise, incarne l'image même du Juif français issu de la grande tradition morale juive et de l'engagement politique du siècle des Lumières.
La République française a reconnu son immense action en lui octroyant la prestigieuse décoration de Grand Officier de la Légion d'Honneur.
Homme d'action autant que de réflexion, Jean Kahn refusait la fatalité, synonyme de démission ou de complicité. Tout combat juste méritait à ses yeux d'être mené en dépit du rapport de forces en jeu. Il s'impliqua donc directement et activement en faveur des jeunes arrivant d'Afrique du Nord puis pour les Boat people. En pleine guerre, il se rendit au Kosovo pour participer à l'évacuation de milliers de personnes et organiser des convois humanitaires.
Ardent défenseur de tous les juifs à travers le monde, il était un amoureux d'Israël et n'avait pas hésité, lors de la seconde intifada, à inaugurer des voyages de solidarité en signe de soutien.
Promoteur des Droits de l'Homme, indissociables du devoir de mémoire à l'égard de la Shoah, il présida en France, la Commission Nationale Consultative des Droits de l'Homme et fut l'initiateur au niveau européen de l'Observatoire des Phénomènes Racistes et Xénophobes.
Lors de la conférence de Durban en 2001, il fallut toute son implication et sa diplomatie active pour éviter que celle-ci ne sombre dans l'apologie internationale de l'antisionisme et de l'antisémitisme dont il avait saisi l'étroite imbrication.
Président du Consistoire Central, il a initié l'Opération philanthropique 1000 lumières pour 1000 familles, 1000 bourses puis 2000 distribuées à des familles nécessiteuses pour célébrer dans la dignité et dans la joie la fête de ‘Hanoucca. Dans la confidentialité et le respect, il aida maintes familles en difficulté et permit à de nombreux jeunes couples juifs de se former dans le respect des traditions.
Président d'honneur à son départ du Consistoire en 2008, il continua tant que sa santé le lui permettait, à assister aux séances de Bureau et de Conseil, au cours desquelles il prodigua toujours des conseils avisés.
La voix de Jean Kahn, 16e Président du Consistoire Central et grande figure de la communauté juive de France et d'Europe comptait en tout et pour tout et c'est avec une immense reconnaissance que le Consistoire Central s'associe au chagrin de son épouse Nicole, de ses fils Daniel et François et de ses petits-enfants.
L'inhumation aura lieu mardi 20 août à 11h30 au cimetière juif de Cronenbourg (Bas-Rhin).
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