La profanation du cimetière de Herrlisheim fait écho à la forte progression des actes antisémites en France depuis le début de l’année (+70%). Comparativement à l’an dernier pour la même période, le nombre d’actes et de menaces antisémites comptabilisés est passé de 228 à 386.
Cette banalisation de l’antisémitisme s’exprime hélas dans toute l’Europe, comme en témoignent les résultats particulièrement inquiétants de la grande enquête de la FRA diligentée par la Commission européenne. Celle-ci a en effet chargé l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (FRA) de mener une enquête auprès de la communauté juive européenne sur l’antisémitisme. Avec plus de 16 000 personnes interrogées, il s’agit de la plus grande enquête jamais réalisée sur le sujet.
85% des Juifs européens considèrent que l’antisémitisme est le plus gros problème social ou politique dans leur pays d’origine.
D’autres chiffres montrent que l’antisémitisme est omniprésent et a un impact sur la vie quotidienne des juifs européens dans l’ensemble de l’UE :
· 89% des Juifs pensent que l’antisémitisme est le plus problématique sur Internet et sur les médias sociaux ;
· 28% des répondants ont été harcelés au moins une fois au cours de la dernière année ;
· 79% des Juifs qui ont subi un harcèlement antisémite au cours des cinq dernières années ne l’ont pas signalé à la police ou à une autre organisation ;
· 34% évitent de se rendre à des événements ou des sites juifs parce qu’ils ne se sentent pas en sécurité ;
· 38% ont envisagé d’émigrer parce qu’ils ne se sentaient pas en sécurité en tant que Juifs en Europe ;
· 70% considèrent que les efforts des États membres pour lutter contre l’antisémitisme ne sont pas efficaces.
Comme l’a souligné pour la première fois le vote à l’unanimité des 28 pays du Conseil de l’Europe, le 6 décembre dernier, aucun pays européen ne pourra lutter efficacement contre le fléau de l’antisémitisme sans une vision commune de l’antisémitisme et de ses moyens de prévention et de lutte notamment au niveau des réseaux sociaux.
Joël Mergui espère que le Conseil de l’Europe trouvera les moyens de réaliser sa nouvelle politique dont il salue le vote et la détermination : « à garantir au peuple juif un avenir dans lequel il vivra avec le même sens de la sécurité et de liberté que tous les autres citoyens de l’UE (…) la sécurité du peuple juif est un besoin immédiat nécessitant l’action actuelle des États membres et des institutions de l’Union européennes. »