Connaissez-vous le « Grindadrap » ? C’est une pratique remarquablement sanguinaire des îles Féroé (Danemark) qui consiste à massacrer chaque année des centaines de dauphins.
Pourquoi s’y intéresser ? Tout simplement parce qu’au moment même où les Féringiens danois s’adonnaient à cette « tradition ancestrale », leur Ministre de l’Agriculture et de l’alimentation Dan Jorgensen a eu le culot de rendre obligatoire par décret, sans même passer par le Parlement, l’étourdissement préalable des animaux de boucherie pour « limiter leur souffrance ».
Il interdisait ainsi de facto les abattages rituels juif et musulman. Pour lui « les droits des animaux sont prioritaires par rapport aux droits religieux ». Toutefois ce beau principe n’a manifestement rien à voir avec le massacre des dauphins des îles Féroé ou l’euthanasie des girafons du zoo de Copenhague, récemment rapportés par la presse internationale. Circulez ! Il n’y a pas lieu de s’indigner.
« Il y a décidément quelque chose de pourri au Royaume de Danemark… » (Hamlet, Shakespeare). Mais l’hypocrisie des États est générale en Europe. Nous avons déjà vu le film et nous connaissons l’histoire, c’est la nôtre en Europe depuis deux millénaires. Chassez les mauvaises habitudes, elles reviennent au galop, à peine deux générations après la Shoah.
Quand dans ma jeunesse on m’a enseigné les règles de la cacherout, on m’a expliqué que l’objectif de la she’hita consistait justement à faire souffrir le moins possible la bête. Alors, quand certains « goyim » parlent de « souffrance de l’animal » pour imposer leur système d’abattage au mépris de tout autre sans la moindre considération pour une tradition millénaire différente, on peut doucement rigoler.
Si nos Pères La Vertu veulent vraiment combattre la souffrance animale, pourquoi n’ont-ils pas interdit la chasse en Europe : la Norvège, la Suède, la Suisse et la Pologne proposent comme chacun sait de magnifiques terrains de chasse… mais ont pris des dispositions pour interdire l’abattage rituel. Que dire de l’Islande qui continue à pratiquer la chasse à la baleine ? Quid de la cuisson du homard, des écrevisses jetées vivantes dans l’eau bouillante, des cochons que l’on saigne, des poulets parqués par milliers dans des espaces confinés, des oies et des canards gavés pour le foie gras ?
Les donneurs de leçon feraient sans doute mieux de commencer par balayer devant leur porte. Mais en attendant ce sont les communautés juives qui font les frais de ces décisions dont il serait intéressant de connaître les véritables motivations… En attendant, ironie des faits, c’est en Israël que le gavage est interdit !
Article paru dans Actualité Juive n° 1292 du 6 mars 2014
* Administratrice de l’ACIP