Les six marches ! par le rabbin Jacky Milewski

Pour accéder à son trône, le roi Salomon devait monter six marches. Sur chacune d’elles (vraisemblablement sur leur face verticale), était inscrite une interdiction de la Torah. Ces six interdictions figurent au début de notre sidra : il s’agit de la défense d’incliner la justice, celle de prendre en considération la situation économique (« untel est pauvre, je vais l’innocenter » ; « untel est riche, je ne veux pas l’humilier »…) ou la situation morale de l’individu (se baser sur le fait qu’untel n’a pas l’habitude de mentir par exemple) et celle d’accepter une corruption. Les trois interdits suivants sont la défense de planter un arbre auquel on rend un culte idolâtre ou tout arbre près de l’autel du Temple, celle de bâtir une matséva (autel composé d’une seule pierre en usage chez les idolâtres bibliques) et celle de présenter sur l’autel du Sanctuaire une offrande marquée par un défaut (cf. ‘Hatam Sofer V p. 71).

 

Si on peut comprendre pourquoi les trois premières défenses relatives à la justice sont en lien avec le trône de Salomon, il nous faut expliciter la signification de l’inscription des trois suivantes sur les marches du trône.

 

En fait, le lien s’éclaire naturellement en rappelant qu’il est question ici de Chelomo. Chelomo vient de chalem, soit une entité entière, parfaite, complète, harmonieuse, sans brèche ni mésalliance, non composée d’éléments artificiellement rattachés entre eux. C’est pourquoi la procédure judiciaire ne souffre aucune intervention de normes inexactes (incliner le jugement), de contextualisation (auquel cas on ne se concentre pas sur l’affaire mais on prend en compte des données plus générales) ou l’immixtion de l’argument pécuniaire (la corruption). De même, l’observance de la Torah ne doit tirer sa source que de la Torah elle-même, sans chercher à intégrer à la vie religieuse juive des idées qui confèreraient une quelconque sainteté à la nature aveugle ou des idées empruntées à d’autres types de pensée ou un service défaillant, négligeant certains points d’ordonnance.

 

En franchissant chacune de ces six marches le menant à son trône, Chelomo intériorisait ces idées et préservait sa chelémoute.