Lumière sur la haggada

Ne désespère pas de toi !

Selon Rabbi Yera’hmiel Israël d’Alexander (Isma’h Israël II p. 38), le fils racha ’, ou rebelle, dont il est question dans le passage de la hagada consacré aux quatre fils, n’est pas un racha’ comme on l’entend habituellement mais un type d’individu qui considère que pour lui, aucune techouva n’est possible ; il est celui qui a fauté et qui désespère pouvoir revenir à la Torah ; il est celui qui pense qu’il n’a plus sa place dans la communauté d’Israël. En cela, il est « kofer baikar », « il renie le principe même de la Torah » car tous les juifs sont faits pour la Torah et la Torah s’adresse à tous les juifs, même à ceux qui s’en sont éloignés.

A ce fils désespéré de lui ou qui dit désespérer de lui (car peut-être cherche-t-il un prétexte à son éloigenment), son père doit lui répondre : « Ba’avour zé, C’est pour ce type de cas que D.ieu m’a fait sortir d’Egypte ». En Egypte, les hébreux avaient atteint le 49ème degré d’impureté sur 50 ; et pourtant D.ieu les a libérés. Ainsi, il revient à chaque juif de percevoir que durant la nuit du séder, D.ieu Se dévoile même à celui qui s’est perdu, même à celui qui est revenu en terre de pharaon.

La suite du passage « ilou cham lo haya nigueal » (« s’il avait été là-bas, il n’aurait pas été libéré ») doit se comprendre alors dans un sens bien précis. La racine GAAL veut dire libérer mais aussi salir, souiller comme dans Isaïe 59, 3. Dés lors, « ilou cham lo haya nigueal » signifie : s’il avait été là-bas, il n’aurait pas été souillé, il n’aurait pas été rejeté, il ne serait pas resté !

Pessa’h est la fête de la liberté, de cette liberté que l’homme s’offre à lui-même en prenant la route du mont Sinaï, suivant en cela les hébreux quand ils sortirent d’Egypte.