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Jeûne du 9 av en souvenir de la destruction du Temple
Le 9 Av est l’un des principaux jeûnes du calendrier juif. Il a été instauré en souvenir de la destruction des premier et second Temples et par voie de conséquence, la perte de toute souveraineté nationale du peuple juif sur sa terre et le début d’un exil qui durera dix-neuf siècles.
C’est avec celui de Yom Kippour, le seul jeûne à débuter la veille au soir avant la tombée de la nuit.
On y appliquera rigoureusement les règles du deuil, tels que :
– Ne pas saluer
– Ne pas s’asseoir sur une chaise ou un fauteuil
– Ne pas porter de chaussures de cuir
Le 9 Av est en effet devenu le symbole des malheurs du peuple juif et il est vrai qu’à toutes les époques, des événements dramatiques ont balisé l’Histoire du Peuple Juif le 9 du mois d’Av :
– La promulgation du décret interdisant aux Hébreux qui ont quitté l’Egypte d’entrer en Terre d’Israël
– La chute de Bétar, dernier fortin encore tenu par les chefs de la révolte de Bar Kochba
– L’établissement d’un temple païen aux lieu et place du Temple et la reconstruction de Jérusalem en tant que ville païenne renommée Aelia Capitolina, interdite aux juifs
– Le suicide collectif des juifs de York durant les émeutes antisémites de 1190
– L’expulsion des juifs d’Espagne en 1492
– Le début de la liquidation du Ghetto de Varsovie en 1942.
Certaines des interdictions (consommation de viande et de vin) restent en vigueur jusqu’à la journée du 10 Av, puisque le Temple a brûlé jusqu’à cette date. |
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La Veille du 9 av et le Repas d’interruption
L’étude de la Torah
L’étude de la Torah réjouissant le cœur de l’étudiant, nos sages zal ont interdit le limoud Torah durant le 9 av à l’exception des sujets de circonstance comme les lamentations de Jérémie, Job ou les passages du Talmud qui traitent de la Destruction. En fait, nos avons l’habitude d’interrompre l’étude à partir du 8 av à midi, afin de ne pas entrer dans le jeûne avec des pensées de Torah. (Rama chap. 553 – 2.)
Le repas d’interruption
Durant le dernier repas avant le jeûne, ou repas d’interruption (séoudat amafseketh), on sera vigilant à ne consommer ni viande, ni boire du vin qui sont les aliments de la joie et qui rappellent les sacrifices et les libations du Temple, bien qu’en général, nous ayons pris cette interdiction depuis le Roch Hodech av (Maran 552-1 et Michna béroura note 1). De même la consommation d’alcool est prohibée quoi que certains autorisent pour des personnes de faible constitution qui auraient besoin de ce type de remontant, et chacun suivra sa nature (Michna béroura note 4).
Durant le repas d’interruption, on ne consommera pas deux mets cuits, ni un même met cuit provenant de deux marmites différentes, dont l’un serait gras et l’autre plus light. (Maran 552 – 3. Ben ich Haï paracha Dévarim, Michna béroura note 8). On ne consommera pas non plus un œuf dur et un œuf au plat ou une omelette, car cela est considéré comme deux plats (Ben ich Haï ibid.). De même un aliment généralement consommé cru, et qui aurait été cuit, prend le statut de met cuit, par exemple une compote de pomme ou d’abricot (Maran ibid. – 3 et Ben ich Haï ibid.). L’interdiction de cet interdit est justifiée par le fait que la profusion de mets marque la joie de la table incompatible avec l’esprit du 9 av. (Michna béroura note 11).
Tout met qui comporte dans sa composition plusieurs ingrédients (par exemple le riz aux lentilles, la soupe de légumes, les petits pois aux carottes) est considéré comme un seul met. (Ben ich Haï ibid.). L’habitude s’est répandue de consommer des lentilles aux oeufs qui est devenu le plat de l’endeuillé (les aliments ronds rappellent le cycle de la vie et le visage fermé de l’endeuillé, l’œuf évoque en plus une vie avortée). (Maran ibid. – 5), mais à condition de consommer ce type de plat dans l’année, sinon on consommera ou des lentilles ou des oeufs (Kaf hahaïm 30). Dans nos régions européennes, nous prenons l’œuf dur (Rama ibid. – 5 et Kaf hahaïm 33). Erreur à éviter : prendre un repas puis prendre un œuf comme dessert. (Michna béroura note 14 et Kaf hahaïm 32).
Par contre il est tout à fait licite de consommer toutes sortes de fruits, même en salade, car de tels aliments ne sont pas cuits. (Maran ibid. – 4). Par contre des fruits ou légumes conservés en macération avec vinaigre ou eau salée sont considérés comme aliments cuits et donc interdits. (Responsum Téfila lémoché Tome II,26). Des salades de tomates ou de laitues sont autorisées, certains sont plus sévères (Kaf hahaïm 11). Quant aux fromages de toutes sortes, ils ne sont pas considérés comme mets cuits, sauf s’ils ont été cuis comme pour une pizza par exemple. (Kaf hahaïm note 29, Ben ich Haï ibid.). En ce qui concerne le thé ou le café les avis sont partagés, certains permettent, d’autres interdisent (Kaf hahaïm 29. Kol Sinaï 22).
Et qui pourra accomplir ceci mangera du pain sec et de l’eau, mais à condition d’être sûr de tenir le jeûne, qui dans nos régions est très long et souvent pénible à cause de la chaleur. (Maran ibid. – 6. Michna béroura note 15). On a l’habitude de s’asseoir par terre pour prendre la séoudat amafseketh, sur un petit linge ou un petit tapis, mais pas sur un sofa ou un coussin. (Maran ibid. – 7. Ben ich Haï ibid. Kaf Hahaïm 39). On s’isolera pour prendre le repas d’interruption, et trois hommes ne mangeront pas ensemble afin de ne pas réciter le zimoun, car le zimoun souligne le caractère fixe du repas, alors que les sages ont voulu lui donner un caractère provisoire et fragile. (Maran ibid. – 8. Ben ich Haï ibid. 20). Et même si trois hommes ont mangé ensemble ils ne réciteront pas le zimoun, pour la raison susmentionnée. (Michna béroura note 19. Kaf hahaïm 43).
Min’ha précédant le jeûne
La veille du 9 av à minha, on ne récitera pas les supplications (tahanounim) car le 9 av est appelé moed, « rendez-vous » dans le sens de fête, ainsi même au milieu du deuil, Israël garde l’espérance de la reconstruction du Beth Hamikdach (biméra béyaménou amen) (Maran ibid. – 12). |
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