C’est lundi soir donc que le peuple juif reprend les festivités après cette interruption d’un mois, liée au souvenir des 24000 élèves de Rabbi Akiva.
L’éducation est le maître mot qui accompagne le peuple d’Israël depuis le jour où D. lui a octroyé la Torah. Ici comme ailleurs les enfants s’intéressent à ce cadeau céleste pour l’éplucher, le remuer et décrocher les trésors cachés. On célèbre certes les hommes qui cherchent et qui trouvent une explication nouvelle, un concept inédit ou une idée comme une lueur dans l’obscurité. En effet les sages ont encouragé les fouineurs pour qu’ils puissent oser leur prospection de manière à évoluer dans la modernité et ne pas se laisser larguer par les conjonctions de l’actualité ou de la société.
La pédagogie des penseurs titrés a aidé à ce développement permanent.
Lorsque Rabbi Chimon Bar Yohaï s’est caché pour échapper aux sbires romains, il n’a pas pleuré sur son sort. Aidé de son fils il refit le tour de ses études ancestrales et découvrit le Zohar. Il proposa au monde une interprétation fracassante des textes sacrés alors qu’il vivait dans une grotte et ce pendant dix ans. Où a-t-il trouvé le droit de cette interprétation ? Il va s’en dire sans les explications antérieures il n’aurait pas osé s’aventurer dans ce labyrinthe.
Le livre d’Emor ouvre justement ces perspectives. Rachi se fonde sur le verbe Amor en déphasage avec un autre verbe qui lui ressemble, Daber. Tous deux signifient : parler. La différence est dans le ton. Le premier fait appel à notre langage, plus nuancé que le second qui veut être péremptoire. Emor s’adresse à un public qui paraît vouloir capter les lois mais qui est réticent à l’injonction et à leur dureté. Il faut donc lui parler avec douceur et conviction, lui trouver des arguments à sa portée, le persuader que D. cherche à le préserver par les mitsvot et à le protéger par cette relation exceptionnelle garante de sa pérennité. Je suis sûr que les deux immenses autorités, Rabbi Chimon et son fils ont dû se poser des questions existentielles sur leur condition de vie face à l’ennemi. La réponse a été de poursuivre l’oeuvre divine et lui soutirer son suc ésotérique. Ce n’est pas un hasard que les deux événements coïncident. Il est temps de préparer Chavouot, temps fort et jamais égalé, celui où D. a décidé de livrer la Torah sur le Mont Sinaï.
Haftara : Ezéchiel Ch.44
Rabbin Salomon MALKA Zatsal