Paris, 4 avril 2017. Un homme s’infiltre en pleine nuit par la fenêtre d’un appartement d’un quartier populaire du 11e arrondissement. Les experts diront ensuite qu’il est « drogué et en proie à des bouffés délirantes » ; pas assez pourtant pour oublier la seule voisine juive de son immeuble qu’il a déjà verbalement agressée.
Sexagénaire à la retraite, Sarah Halimi (zal) est une femme discrète et pratiquante. Elle connaît son agresseur et son antisémitisme. C’est chez elle qu’il entre.
Durant une heure, il va la martyriser avec une brutalité sauvage en hurlant sa haine, avant de la défénestrer au cri de « Allah Akbar, » sous les yeux de la police.
En pleine campagne électorale, ce meurtre abominable passe inaperçu classé dans la rubrique des faits divers. Le meurtrier est placé directement en hôpital psychiatrique et – fait exceptionnel pour une affaire criminelle -, la reconstitution du crime pourtant acceptée par le prévenu, sera constamment refusée.
Pendant près de deux ans, nous nous sommes battus pour que la justice et les expertises psychiatriques contradictoires retiennent et reconnaissent le caractère antisémite de cet acte monstrueux. D’éminents intellectuels se sont élevés avec nous contre ce déni manifeste de réalité qui aurait donné à penser que la drogue supprime l’antisémitisme avec l’entendement.
La décision de la Cour d’Appel de Paris de prononcer l’irresponsabilité pénale de l’assassin nous plonge dans la consternation et la stupeur.
En résumé, s’il y a bien une victime – Sarah Halimi (zal) sauvagement assassinée -, il n’y a pas d’assassin, ni de coupable ! Quand bien même le caractère antisémite de l’acte a été reconnu par certains, l’impossibilité de juger ne permettra pas à la justice d’en condamner l’acte ni l’auteur !
C’est bien là toute la monstruosité d’une décision qui me révolte et heurte la raison autant que la morale.
Après le déni de réalité, nous voici confrontés au déni de justice. Les médecins et les juges viennent d’estimer qu’il n’y avait pas d’assassin, mais un homme normal, dont la responsabilité était altérée au moment de son crime.
Entendons-nous bien, ce n’est pas un fou, ni un vrai malade mental qui a martyrisé et sauvagement tué Sarah Halimi (zl) mais un drogué au canabis et à la haine antisémite !
Et c’est bien là à mes yeux le scandale et le véritable danger.
Désormais, si le pourvoi en cassation ne casse pas cette décision, une nouvelle menace planera sur tous les juifs de France : le déni d’assassinat.
Cette décision sonne comme un terrible désaveu des condamnations et des luttes publiques contre le terrorisme islamiste. Pire, elle résonne comme une dangereuse démission, voire une certaine indulgence : car en l’absence de qualification pour meurtre cette décision interdit de fait de condamner un crime antisémite.
À quoi sert donc de combattre l’antisémitisme et l’islamisme si le combat ne se situe pas au niveau des faits et demeure théorique, au niveau de la bien-pensance sans acte ?
Je le dis et ne cesserai de le répéter : Sarah Halimi (zal) était juive et c’est un islamiste drogué qui l’a tuée parce qu’elle était juive.
L’assassin a choisi sa victime en raison de sa confession et l’a tuée en hurlant « Allah Akbar » parce qu’elle était juive. J’y vois là, moi, la preuve éclatante de son parfait discernement antisémite.
Même si l’antisémitisme est un véritable fléau qui gangrène nos sociétés, habituellement les juges savent que l’antisémitisme et le meurtre ne sont pas des maladies et qu’il convient d’en juger les auteurs et de les condamner.
En niant la culpabilité de l’assassin de Sarah Halimi (zal), la Cour d’Appel nie dans un même mouvement l’existence de la victime et sa judéité.
Était-il nécessaire de rajouter aussi au déni de réalité et de justice celui de l’évidence ?
Cette décision ne place pas les juifs à égalité avec les autres citoyens.
Elle laisse à penser que l’emprise d’une substance illicite accorde le permis de tuer des juifs en toute impunité.
Rien n’est plus faux, ni plus inique et dangereux pour la démocratie et je n’aurai de cesse de le dénoncer toujours !